Après un premier opus remarqué et remarquable en 2012, Jake Bugg enregistre un deuxième disque moins d’un an plus tard. Rapidement comparé à Bob Dylan ou Johnny Cash, le jeune artiste déploie tout son flegme britannique et son talent dans le sincère et authentique Shangri-La. De quoi rassurer quant à l’avenir du rock britannique.

Immédiatement, le charme s’opère. A l’écoute des premières notes de la très courte There’s A Beast And We All Feed It, on croirait réentendre les meilleurs chansons folk des sixties. La voix nasillarde de Jake Bugg et les guitares survoltées nous invitent dans ce tourbillon enchanteur de l’Americana, ce genre musical à la frontière du rock, du blues, du country et de la folk. La chanson suivante Slumville Sunrise continue sur cette lancée réjouissante avec en prime, un solo de guitare des plus sympathiques. S’ensuit What Doesn’t Kill You, aussi survoltée et effrénée que les singles précédents.

Après trois premières chansons électriques, Jake Bugg privilégie le calme de Me And You. Seuls quelques instruments accompagnent la voix du chanteur, qui par moments rappelle celle d’un certain Bob Dylan…

Jake Bugg se fait plus virulent sur Messed Up Kids qui derrière le charme de sa mélodie entrainante, dénonce les inégalités sociales de l’Angleterre des années 2010. Un des sommets du disque.

Le disque devient alors plus intimiste avec les balades suivantes. A Song About Love est d’une intensité touchante, renforcée par la voix épurée du chanteur. All Your Reasons suit cette mouvance, accompagnée par une partition de guitare électrique remarquable. Et toujours cette même émotion.

Après cette sublime parenthèse, le Jake Bugg survolté du début revient avec Kingpin, avant de mieux s’adoucir sur les simples et efficaces Kitchen Table et Pine Trees.

Arrive ensuite Simple Pleasures qui devient en un instant le sommet de ce disque. Intense et bouleversant, il s’agit probablement de la preuve la plus flagrante de l’immense talent de Jake Bugg. En effet, une étrange impression d’avoir toujours connu, ou attendu, cette chanson s’empare alors de celui qui l’écoute. Oscillant entre calme et rage, Simple Pleasures séduit immédiatement avant que le crescendo final ne vous emporte définitivement.

Shangri-La se clôt par Storm Passes Away, qui aurait pu passer totalement inaperçue après une telle réussite. Mais Jake Bugg avait tout prévu et utilise un effet assez vintage pour enregistrer sa voix, qui semble tout droit sortir d’un vieux vinyle de blues. Aux dernières notes de guitare de la charmante Storm Passes Away s’arrête le voyage temporel et nous voilà revenus au XXIème siècle.

En bref
Jake Bugg offre un disque sans artifices, d’une authenticité réjouissante. Sans réinventer le rock n’roll, il propose sa propre lecture du rock-folk, dans la continuité des grandes figures du mouvement. Quelques musiciens et sa voix suffisent à produire un album solaire et somptueux…. Une invitation à découvrir la discographie de Jake Bugg, d’une perfection et d’un charme incroyables. Ses disques suivants explorent des sonorités plus actuelles sans jamais renier les racines du folk et du blues. Et dire que je m’inquiétais pour le futur du rock…

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here