Page-turner en images, cette nouvelle adaptation de Dumas réhausse les couleurs du blockbuster français. Le film a l’intelligence de se présenter comme un divertissement efficace au premier degré, sans prétention et grande pompe. Malgré sa modestie louable, il distille un second discours réjouissant sur l’essence du jeu d’acteur.

Après Les Trois Mousquetaires, le Dumas cinématic universe lancé par Jérôme Seydoux et Dimitri Rassam s’étend avec l’adaptation du Comte de Monte-Cristo. Aux manettes du scénario des Trois Mousquetaires, Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte en signent cette fois-ci la réalisation. Ne cherchons pas les sept différences entre le film et le roman, ce jeu vain et pédant ne ferait que nous éloigner du cinéma.

Le jour de son mariage, Edmond Dantès se voit arrêté à tord et enfermer sur la terrible île d’If. Quinze ans plus tard, il s’évade spectaculairement et fomente une vengeance terrible sous le nom du Comte de Monte-Cristo pour faire tomber un à un les traîtres.

Si, en termes de mise en scène, rien n’étonne, il faut avouer que le rythme du film séduit à chaque instant. Le film puise sa vivacité folle dans la densité événementielle du roman de Dumas. Les péripéties s’enchaînent avec cohérence, sans temps mort. La vengeance de Dantès est construite comme une toile d’araignée géante, dévoilant ses nœuds au fil du récit. Le Comte de Monte-Cristo lorgnerait presque du côté des films de David Fincher (Seven, Zodiac, The Game) dans la précision de son scénario méticuleux et sombre.

Additionné à ce réjouissant programme, le film s’appuie sur une direction artistique d’exception, notamment le maquillage. Quelques mois plus tôt, Le Règne animal dévoilait une virtuosité française en la matière, Le Comte de Monte-Cristo ne fait que la confirmer. Plus encore, le maquillage fait part intégrante du récit, fondé sur une suite de métamorphoses à la Mission Impossible.

Pourtant, Pierre Niney tire son épingle du jeu malgré les déguisements. Impérial en ange de la mort, troublant en prisonnier affamé, il impose une présence captivante. A ses côtés, ses partenaires se hissent à sa hauteur. Parmi tout un casting solide, les interprétations de Bastien Bouillon (La Nuit du 12) et Julien de Saint Pierre, qui griment des personnages sombres, brillent particulièrement.

Le jeu est même au centre de l’intrigue du film puisque le scénario inclue le spectateur dans la vendetta de Dantès, en révélant certains coups à l’avance. Le Comte de Monte-Cristo entraîne ses alliés (Anamaria Vartolomei et Julien de Saint Pierre) dans le jeu de dupes qui s’annonce, leur préparant dans leurs futurs doubles rôles. Ainsi, Dantès/Niney se mue en directeur d’acteurs guidant ses protégés. Faut-il y voir un passage de relais pour Niney, qui après avoir joué les jeunes premiers, assume son statut d’acteur confirmé et enfin, d’adulte complet ? Qu’importent les conclusions méta qu’on puisse en tirer, le plaisir de traquer le double jeu de chacun l’emporte. Jouer la comédie serait donc mentir ?

En bref
Ce réjouissant film de vengeance n’a rien à envier à nos confrères américains que ce soit au niveau du rythme, du scénario et des moyens techniques et économiques. Certes, il n’y aura pas un avant et un après Comte de Monte-Cristo dans l’histoire du cinéma en France, mais il n’a que l’ambition de divertir avec force et panache. Cet esprit de sérieux ne quittera jamais le film qui ose être premier degré tout en parvenant à ne pas être pompeux. Par son aspect ludique lorsqu’il dévoile les coulisses de la vengeance, le film semble même s’excuser d’être spectaculaire. Tout ça n’est que trucs et astuces comme dans un magasin de farce à attrapes, pourrait-on croire devant ces séquences. Pourtant, Le Comte de Monte-Cristo tient toutes ses promesses, en toute modestie. L’élégance à la française.

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