J’avoue que j’avais de Houellebecq une image disons fort négative. Ecœurée par ses récentes réflexions xénophobes et sexistes ainsi que par le souvenir de la lecture, il y a quelques années, d’Extension du domaine de la lutte dont je n’avais conservé en tête que les relents misogynes, je ne pensais pas me replonger de sitôt dans l’œuvre de cet homme.
Or, comme j’ambitionne de lire tous les prix Goncourt, il fallait bien que je m’y colle. Et je confesse, en toute sincérité, que je ne regrette pas l’expérience. La carte et le territoire est probablement l’un des Goncourt que j’ai préférés, voici pourquoi.
Michel Houellebecq nous offre son roman le plus aimable. A travers l’histoire de Jed Martin, artiste solitaire soudainement adulé de tous, il décortique le monde (ou plutôt le marché de l’art), avec une plume mordante, et réaliste. Nous découvrons ce petit entre-soi des enchères, des attachés de presse, des affaires, dans un rythme entrainant, et une plume accessible et réellement addictive.
Arrivé au premier tiers du roman, coup de théâtre. Notre héros, Jed Martin, se lie avec un certain Michel Houellebecq, écrivain français. Houellebecq auteur se portraiture avec une autodérision à la fois digne et grinçante (comme une fois, se décrivant « en vieille tortue malade »), ainsi qu’avec une sincérité assez désarmante.
Arrivé au deuxième tiers du roman, deuxième coup de théâtre. Michel Houellebecq est retrouvé sauvagement assassiné. Le roman se transforme en enquête policière haletante.
Dans ce ballet des apparences, Houellebecq mène son petit monde à la baguette, et nous emporte à toute allure, avec drôlerie. Son roman sait aussi calmer le jeu, et disséquer la nature des relations humaines, notamment père-fils, avec profondeur et émotion. La carte et le territoire est un vrai roman de personnages qui n’en oublie pas d’être une intrigue prenante, une véritable plongée romanesque. Pari réussi Monsieur Houellebecq, je me vois obligée de me risquer à d’autres de vos textes.






















