Goncourt populaire et romanesque, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon nous emmène des littoraux danois à la ville ouvrière québécoise de Thetford Mines, en passant par Toulouse… et la case prison. Jean-Paul Dubois crée de toute pièce les aventures de Paul Hansen, un homme altruiste et discret, incarcéré avec un Hell’s Angel pour une raison d’abord mystérieuse.
Dans ce joyeux tourbillon romanesque, nous partons à la rencontre des parents de Paul, un prêtre danois et une mère gérante d’un cinéma art et essai, de son épouse Winona, une Amérindienne pilote d’avion, de leur chien Nouk, ainsi que des quelques résidents de L’Excelsior, immeuble huppé dans lequel Paul fait office d’homme à tout faire, jusqu’à l’incident qui le mène derrière les barreaux.
Jean-Paul Dubois structure son livre par des allers-retours temporels ; Paul, en charge du récit, se remémore depuis sa cellule ses proches disparus, et son parcours tumultueux. En résulte un roman agréable, une vraie lecture-plaisir qui évoque, sur un mode plus mineur néanmoins, les romans de John Irving, récits de vies romanesques et hautes en couleur. Le livre de Dubois serait le petit frère français des plus amples chefs d’œuvres du maître, comme Le Monde selon Garp, L’œuvre de Dieu la part du Diable ou Une prière pour Owen. Sur un mode plus mineur, certes, car Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon s’avère moins dense, et un peu plus attendu, notamment sur le retournement final assez décevant.
En somme, amis lecteurs à la recherche d’un roman à dévorer sur la plage, plongez dans Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Ne boudons pas notre plaisir devant cette lecture sympathique, non sans longueurs si on veut chipoter. Le prix Goncourt célèbre autant Proust, Malraux ou Marguerite Duras, que les plus discrets artisans des lettres.