Il arrive parfois aux écrivains de vivre des aventures dignes de leurs romans. Dans le cas de Boris Vian, son livre J’irai cracher sur vos tombes a donné lieu à de nombreuses coïncidences troublantes, voire même inquiétantes puisque l’écrivain s’est même retrouvé dans une sordide histoire de meurtre…

Un pseudonyme à l’origine de nombreuses controverses

Tout commence par un pari entre Vian et le directeur d’une maison d’éditions. Celui-ci le met au défi d’écrire un roman en deux semaines. L’écrivain, qui n’avait pas encore signé de livre à son nom, trouve l’inspiration en dix minutes et commence à écrire J’irai cracher sur vos tombes, qu’il termine en quinze jours exactement. Le récit narre l’histoire d’un jeune métis, rêvant de venger la mort de son frère, et qui se lie dans une bande d’adolescents dévergondés.

  Vian a ensuite une idée plutôt originale. Il fait croire qu’il n’est que le traducteur d’un certain Vernon Sullivan, réel auteur de ce livre. Il rédige une préface au roman, où il prétend avoir reçu le manuscrit des mains mêmes de l’écrivain afro-américain. Celui-ci n’aurait pas pu publier aux Etats-Unis à cause de l’apartheid. En réalité, Vernon Sullivan n’a jamais existé et tient son nom d’une contraction entre Paul Vernon et Joe Sullivan, deux amis musiciens de Vian.

  Seulement, Vian continue de publier des romans sous son nom de plume et l’affaire finit par être découverte. L’écrivain se défend d’être l’auteur de J’irai cracher sur vos tombes, et va jusqu’à (ré)écrire le manuscrit en anglais. D’autres polémiques touchent le livre, certains l’accusant d’être « immoral et pornographique » (pour l’avoir lu, je tiens à préciser que ces adjectifs ne sont pas exagérés…). Parmi ses critiques mécontents qui réussiront à faire interdire le livre quelques années plus tard, un certain Daniel Miller semble agacer profondément Boris Vian, puisqu’il appellera Dan Miller le futur héros triple assassin d’un de ses prochains romans.

  Un autre problème se pose alors. Vian a gagné près de 4 millions de francs grâce aux ventes prodigieuses du roman. Il faut alors savoir que les ventes d’un livre ne vont pas entièrement à l’auteur, qui ne reçoit qu’environ 10%. Mais Vian, en se prétextant traducteur, a touché 5% supplémentaire, soit 15% en tout. La justice le condamnera à verser des sommes astronomiques bien supérieures à ce qu’il a pu gagner, l’obligeant à céder les droits du roman.

Un fait divers inspiré du livre

  Mais un étrange fait-divers crée de nouvelles polémiques autour de ce livre. Une femme a été retrouvée morte, avec un exemplaire du livre posé à ses côtés et ouvert à une page qui relate un crime similaire ! Vian est accusé d’ « assassin par procuration », en inspirant le meurtrier.

D’étonnantes coïncidences

  Ce livre ne cessera pas de hanter l’écrivain puisqu’il décèdera d’une crise cardiaque en regardant le film adapté de J’irai cracher sur vos tombes, le 23 juin 1959. C’est en lisant les pages supplémentaires du roman que j’ai découvert cette anecdote. J’avais lu le livre en quelques heures et, en vérifiant sur le calendrier, je me suis rendue compte que ce jour était le 23 juin 2019, soit 60 ans jour pour jour après sa mort.

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