Le réalisateur du Joker, grande réussite au box-office en 2019, a conçu son film comme un hommage au chef d’œuvre de Martin Scorsese. Il est vrai que les références au film noir de 1976 s’accumulent au point que Joker apparait presque comme sa relecture moderne.

[risque de spoil !]

Voici les similitudes les plus évidentes :

La violence comme catharsis ?
Même si les deux films se défendent de proposer une apologie de la violence, celle-ci devient quasiment un personnage à part entière tant elle est omniprésente dans les deux films. Elle sert d’exutoire à ces deux êtres que la société a rejetés. Cependant, quelques différences subsistent. Si dans Taxi Driver, Travis Bickle, campé par De Niro, prévoit son crime qui dérape quelque peu en changeant de cible, le Joker découvre la violence en en faisant les frais. Le Joker devient tour à tour victime puis maitre tandis que Travis n’a pas souffert de la violence, dans le sens où il n’a jamais été brutalisé de la même manière qu’Arthur Fleck dans Joker. De plus la relation qu’à Travis avec la violence est d’autant plus ambiguë et traumatisante lorsque l’on comprend qu’il est allé combattre au Viêt-Nam.
La fascination qu’exerce la violence s’illustre particulièrement quand les deux personnages acquièrent leurs armes.

Une des scènes clefs de la transformation de Travis Bickle : l’achat de ses armes

Une solitude existentielle
Sur ce point, les deux films concordent amplement. La solitude, devenu mal-être, de Travis comme d’Arthur est totale. Incompris par la société et par les femmes, les deux personnages semblent en décalage avec leur monde. Le sentiment d’être anormal est accentué chez le futur Joker par sa maladie mentale incontrôlable alors qu’il décuple chez Travis par son insomnie constante.

Extrait de Taxi Driver

Quelques plans et dialogues se répondent
Tenant plus du clin d’œil aux cinéphiles, les quelques petits hommages disséminés par Todd Phillips sont nombreux. On peut relever le geste d’Arthur Fleck de se tirer une balle dans la tête, écho au mime déjà initié par Travis Bickle quarante ans plus tôt. Certaines scènes sont des miroirs à Taxi Driver : le premier dialogue avec le patron du personnage est filmé de la même manière dans les deux films, quelques monologues sur le mal-être se répondent, le parallèle entre l’ascension des deux hommes politiques présents dans Joker et dans Taxi Driver… Je n’ai pas pu recenser tous ces amusants clins d’œil, n’hésitez pas à en ajouter dans les commentaires !

Un des gestes iconiques de Travis Bickle, incarné avec force par Robert de Niro

Tous deux reflètent le malaise d’une génération
Leurs deux personnages principaux ne sont ni héros ni véritablement anti-héros dans le cas de Travis Bickle. Le parcours de ce dernier est particulièrement ambigu puisqu’il se détourne de son crime prémédité pour finalement sauver la jeune prostituée incarnée par Jodie Foster, ainsi il pourrait s’apparenter à une sorte de héros, mais ses motivations sont troubles. Profondément seuls, lui et Arthur Fleck finissent reconnus par leurs pairs grâce à leur violente ascension, symbolisée par un une transformation physique radicale. Impossible d’oublier l’iconique coupe iroquoise de Robert de Niro et le maquillage emblématique du plus célèbre méchant de DC Comics. Les deux personnages finissent par « assumer » leur vraie nature et ce parcours vers l’acceptation passe par une métamorphose physique impressionnante. Travis devient un héros, et Arthur, un symbole.

Je n’ai vu Taxi Driver pour la première fois que très récemment, quelques mois après Joker, et le nombre de ressemblances entre ces deux films m’a frappée. Evidemment, es deux longs-métrages sont néanmoins très différents et grandioses indépendamment. Il ne serait donc que justice d’arrêter la comparaison ici. Puisqu’il me faudrait plus d’un article pour vanter les mérites du chef d’œuvre de Scorsese, d’autres verront sans doute le jour… Concernant le Joker, vous pouvez trouver la critique complète juste ici.

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