Oscar du meilleur film en 1980, Kramer contre Kramer est l’un des premiers longs-métrages à mettre en scène le divorce, un sujet presque tabou aux Etats-Unis avant sa sortie en salles. Entre Dustin Hoffman en apprenti père et Meryl Streep en mère désavouée, le jeune Justin Henry est époustouflant dans cette chronique touchante et teintée d’humour.

  Joanna Kramer quitte sans prévenir son mari Ted, accaparé par son travail, et Billy, leur fils de sept ans. Jonglant entre son poste prestigieux et les soucis causés par Billy, Ted apprend à être père, bien que les débuts soient houleux. Ils arrivent pourtant par s’entendre, puis par s’aimer. Mais Joanna revient pour obtenir la garde de l’enfant et leur belle complicité s’en retrouve bouleversée.

  Le réalisateur Robert Benton, coscénariste de Bonnie and Clyde, parvient merveilleusement à diriger les trois acteurs principaux, dont deux pratiquement débutants. Si le talent de Dustin Hoffman n’était pourtant plus à prouver (il avait déjà brillé dans Le Lauréat, Little Big Man, Papillon ou encore Les Hommes du Président), l’acteur est ici très juste dans le rôle d’un père dépassé par les événements. Robert Benton avait aussi vu juste en confiant le rôle de Joanna à Meryl Streep. L’actrice dont la carrière se résumait alors à un petit rôle dans Voyage au bout de l’enfer, prête ses traits à cette mère perdue, souffrant de solitude et de manque de confiance en elle. Sur le tournage, elle n’hésite pas à modifier certaines lignes de ses dialogues, au grand dam de Dustin Hoffman. Leurs relations étaient par ailleurs très tendues, l’acteur l’ayant giflé le premier jour du tournage. Malgré leurs différends, ils apparaissent à l’écran comme un couple déchiré dont chacun garde parfois une tendresse nostalgique. Leurs interprétations leur vaudront chacun un Oscar, celui du meilleur rôle pour Dustin Hoffman et celui du meilleur second rôle pour Meryl Streep.

  Mais le plus touchant de cette famille qui se déchire est le très jeune interprète de Billy. Le petit bonhomme est si crédible et adorable dans le rôle de ce gamin abandonné par sa mère, qu’il est pratiquement impossible de ne pas lâcher quelques larmes durant le film (je défie quiconque de rester de marbre durant la dernière demi-heure !). Justin Henry oscille entre scènes décapantes drôles à souhait et moments bouleversants, et excelle dans ces deux registres. L’académie des Oscars l’a d’ailleurs nommé dans la catégorie « meilleur acteur dans un second rôle » où il est encore aujourd’hui le plus jeune nommé de l’histoire.

  Kramer contre Kramer devance son époque quant à la question de l’éducation

Le duo père-fils apprend à s’aimer et les deux « hommes » grandissent ensemble. Ted Kramer se métamorphose en père attentif et attentionné, et c’est ainsi que Kramer contre Kramer apparait comme un film novateur pour l’époque. Dans les années 70, le rôle des pères dans la société est très mince, les enfants ne sont élevés que par leur mère, souvent épouse au foyer. Non seulement ce film montre que l’éducation et l’amour porté aux enfants n’a rien à voir avec le sexe, mais de plus, il garde un regard objectif sur les deux parents, notamment lors des scènes au tribunal. Chacun offre sa propre vision de l’histoire et de l’affection porté à Billy, sans que jamais le film ne prenne le parti d’un parent ou de l’autre.

  Un des seuls défauts minimes du long-métrage est sa réalisation, peut-être un peu trop classique. L’Académie des Oscars a pourtant récompensé Robert Benton dans la catégorie « meilleur réalisateur », choix étrange quand l’on sait que le chef d’œuvre de Coppola, Apocalypse Now, était nommé dans la même catégorie…

En bref

Kramer contre Kramer est un film familial, une chronique juste sur le divorce et la bataille pour la garde des enfants, qui préfère montrer l’envers du procès en multipliant les scènes irrésistibles de Ted et son fils. Sortez les mouchoirs, car personne ne peut résister à ses yeux d’enfants emplis de tristesse…

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